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L’éolien français passe le « test de stress » lié au coronavirus

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L’éolien français passe le « test de stress » lié au coronavirus

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Le secteur fait fi de la baisse des installations du premier semestre et espère un « effet d’entraînement » alors que le paquet de mesures de relance du gouvernement favorise la transition énergétique.

La pandémie semble avoir confirmé le rôle du secteur éolien dans le mix énergétique et ancré la transition énergétique au cœur de la politique économique française.

Bien qu’il soit peut-être trop tôt pour évaluer l’impact à long terme de la crise sanitaire, les experts s’accordent à dire qu’elle a été un « test de stress » réussi pour l’éolien et les autres énergies renouvelables.

« Avec un taux de production moyen de 25 à 30 % de la consommation d’énergie pendant la période de blocage, les énergies renouvelables ont prouvé leur capacité à couvrir une partie importante des besoins énergétiques du pays… Cela démontre, pour ceux qui en doutent encore, que ces énergies ont aujourd’hui toute leur raison d’être dans le paysage énergétique français », a déclaré Jean-François Petit, PDG de la société RES.

La production éolienne a survécu à l’arrêt de production relativement indemne, représentant 9,5% du mix électrique du pays au premier semestre.

« À court terme, nous pouvons déjà constater que Covid-19 n’a eu aucun impact sur la production. Il y avait beaucoup de vent, et nos parcs éoliens ont tous très bien fonctionné, ce qui prouve leur résistance », explique Alexandre Roesch, directeur général de l’organisme de promotion des énergies renouvelables SER.

Toutefois, l’ambiance est moins à l’optimiste pour ce qui concerne le développement de l’énergie éolienne, car les projets ont connu une baisse significative par rapport à l’arrêt de la production, avec des installations en baisse de 45 % au cours du premier semestre.

Mais même dans ce cas, les experts ne semblent pas particulièrement préoccupés par le fait que le Covid-19 aura un effet durable. Selon eux, le ralentissement sera probablement temporaire, les projets étant simplement retardés plutôt qu’annulés. La France compte 790 projets onshore totalisant 10 GW dans les coulisses, et 10 installations pour 3GW en mer.

« Il n’y a aucune raison de ne pas revenir à la situation d’avant. Les objectifs nationaux en matière d’énergie éolienne n’ont pas été revus, et étant donné la façon dont les appels d’offres sont organisés ici, nous serons en mesure de rattraper les retards », déclare Nicolas Berghmans, chercheur principal en climat et énergie à l’Institut du développement durable et des relations internationales, basé à Paris.

Comme le souligne M. Berghmans, la pandémie n’a pas empêché le plan énergétique du gouvernement – qui fixe les budgets – d’être adopté en avril. Il vise à porter la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité à 40 % d’ici 2028, avec des objectifs de 33,2 à 34,7 GW pour la capacité éolienne terrestre et de 5,2 à 6,2 GW pour la flotte éolienne offshore française.

Mis à part la pandémie, des efforts supplémentaires devront être faits pour rester dans les limites de l’objectif. « Même avant Covid, nous n’allions pas assez vite pour respecter le plan énergétique de la France », déclare M. Berghmans. Les organisations du secteur éolien affirment que nombre des changements qu’elles préconisaient avant la crise – simplifier les processus de demande, réduire les formalités administratives et faciliter la remise en service – doivent encore être apportés. Il faut également agir pour que les projets éoliens soient mieux acceptés par le public.

« Beaucoup d’informations erronées circulent encore sur cette technologie et nous devons constamment démontrer tous les avantages qu’elle peut apporter, y compris en termes d’emplois », se plaint M. Roesch.

Le nouveau plan de relance de la France, annoncé le 3 septembre, pourrait être un coup de pouce dans la bonne direction. Le gouvernement d’Emmanuel Macron, qui n’était pas connu au départ pour ses références écologiques, a pris beaucoup de monde par surprise en allouant un tiers du plan de 100 milliards d’euros à la transition énergétique. Bien que l’énergie éolienne n’ait pas été spécifiquement mentionnée (une feuille de route ayant déjà été établie), ses propositions pour réduire les émissions de CO2 comprennent un plan de soutien de 7 milliards d’euros pour le développement de l’hydrogène vert (dont une partie est alimentée par l’énergie éolienne), ce qui laisse espérer un effet d’entraînement positif sur l’énergie éolienne.

« Avant la crise, rien ne garantissait que la transition énergétique serait au cœur de la politique. Aujourd’hui, elle est considérée comme une opportunité », conclut M. Berghmans.

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