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Accord commercial UE–États-Unis : la France crie à la reddition

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Accord commercial UE–États-Unis : la France crie à la reddition

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Initialement fermes face aux exigences de l’administration américaine, Paris et Berlin ont finalement accepté un accord commercial très désavantageux pour l’Europe. Une volte-face dénoncée avec virulence par la classe politique et les éditorialistes du continent.

En quelques heures à peine, le ton a radicalement changé à Bruxelles, Paris et Berlin. Alors qu’une opposition ferme semblait se dessiner face aux exigences de Donald Trump sur le plan commercial, les capitales européennes ont finalement plié. Le compromis trouvé dimanche entre l’Union européenne et les États-Unis est présenté comme un accord, mais perçu par beaucoup comme une reddition pure et simple.

Un accord commercial avec des concessions massives

Dans les faits, l’Europe accepte un relèvement du taux de douane appliqué à la majorité de ses exportations vers les États-Unis, qui passera de 10 à 15%. Elle s’engage également à acheter pour 250 milliards de dollars de produits énergétiques américains chaque année, soit trois fois plus qu’actuellement. S’ajoutent à cela près de 600 milliards de dollars d’investissements européens aux États-Unis, notamment dans le secteur de la défense, où les Européens se sont engagés à acquérir des équipements militaires américains.

Et qu’en est-il des engagements américains en retour ? À peu près rien. Les États-Unis renoncent simplement à appliquer un tarif douanier de 30% initialement prévu au 1er août, mais n’offrent aucune réduction ou compensation. Un recul qualifié de « chantage réussi » par certains commentateurs.

Une onde de choc politique en France

En France, les réactions politiques sont unanimes ou presque. De la gauche à la droite, on dénonce un « deal humiliant ». François Bayrou, pourtant proche de l’exécutif, évoque un « jour sombre pour l’Europe », qui « se résout à la soumission ». D’autres parlent de « racket » et de « reddition ».

« Le gouvernement français a fait preuve d’une naïveté consternante », accuse un sénateur socialiste. À droite, certains pointent « un chèque en blanc offert aux États-Unis, sans garantie ni contrepartie ». Même au sein de la majorité présidentielle, des voix s’élèvent, exprimant leur incompréhension face à l’ampleur des concessions accordées.

Une presse européenne cinglante

Les éditorialistes du Vieux Continent ne sont pas plus tendres. La presse allemande évoque une « capitulation sans gloire ». En Italie, on parle d’une « Europe affaiblie, qui se couche face à Washington ». Le Guardian, au Royaume-Uni, titre sur « la loi du plus fort qui l’a emporté ». La comparaison avec le Japon et le Royaume-Uni, qui ont négocié des accords plus équilibrés, revient fréquemment.

Le sentiment dominant est celui d’un déséquilibre profond dans la relation transatlantique, renforcé par la pression exercée par Donald Trump et la crainte de sanctions économiques plus lourdes.

Le spectre d’un précédent accord accord commercial dangereux

Au-delà des termes immédiats de l’accord, ce revirement pose une question plus large : l’Europe peut-elle encore défendre ses intérêts face aux grandes puissances économiques ? Cet épisode donne le sentiment d’un manque de vision stratégique et de solidarité au sein de l’Union. De nombreux analystes craignent désormais que cette faiblesse affichée n’encourage d’autres partenaires – ou rivaux – à imposer leurs conditions.

Sur le plan énergétique et militaire, cette dépendance accrue aux États-Unis est perçue comme un recul dans les efforts d’autonomie stratégique défendus ces dernières années, notamment par Emmanuel Macron. À l’inverse, Washington sort renforcé de cet épisode, imposant son modèle et ses intérêts sans faire de concessions.

Une fracture au sein de l’Union ?

Si certains pays membres ont discrètement soutenu le compromis, d’autres, comme la France ou l’Allemagne, se retrouvent aujourd’hui en porte-à-faux, critiqués à la fois par leurs oppositions internes et par des partenaires européens plus réticents. Le sentiment d’un manque de coordination dans la négociation ne fait que renforcer les doutes sur la capacité de l’Europe à parler d’une seule voix dans les grandes négociations internationales.

Cet accord pourrait donc laisser des traces durables : diplomatiques, économiques, mais aussi politiques. À moins de deux ans des prochaines élections européennes, cette « défaite » symbolique risque d’alimenter le discours eurosceptique et de remettre en question la crédibilité des dirigeants européens sur la scène internationale.

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