Dans son dernier rapport semestriel, la Banque mondiale tire la sonnette d’alarme : l’économie mondiale est en passe de connaître sa décennie la plus lente depuis plus de soixante ans. La montée des tensions commerciales, notamment liées à la politique tarifaire de Donald Trump, pèse lourdement sur les perspectives économiques mondiales.

Une prévision de croissance de l’économie mondiale en nette baisse

La Banque mondiale prévoit une croissance globale de seulement 2,3 % pour l’année 2025, un chiffre en recul de 0,4 point par rapport aux prévisions de janvier dernier. Et les projections pour 2027 ne sont guère plus optimistes, avec une croissance estimée à 2,6 %. Si ces chiffres se confirment, la décennie 2020-2030 s’annonce comme la plus faible en matière d’expansion économique depuis les années 1960.

Près des deux tiers des pays dans le monde ont vu leurs prévisions de croissance révisées à la baisse. Parmi les zones les plus touchées figurent le Japon, l’Europe et les États-Unis, où l’activité devrait ralentir sous l’effet conjugué des tensions géopolitiques et des mesures protectionnistes américaines.

Les politiques de Trump au cœur des turbulences

Ces prévisions pessimistes interviennent dans un contexte de profondes incertitudes économiques, exacerbées par les décisions commerciales prises par Donald Trump depuis sa récente entrée en fonction. Le retour d’une politique tarifaire agressive, avec notamment l’instauration d’un droit de douane universel de 10 % sur toutes les importations aux États-Unis, a rapidement ébranlé les marchés financiers dès le mois d’avril.

S’ajoutent à cela des droits plus élevés sur l’acier et l’aluminium, des mesures jugées illégales par une décision commerciale internationale en mai. Toutefois, l’administration Trump a réussi à faire appel, maintenant pour l’instant ces taxes en vigueur.

En conséquence, la Banque mondiale a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour les États-Unis en 2025 et 2026, soulignant les effets négatifs de la guerre commerciale sur la confiance des investisseurs et la consommation des ménages.

La Chine épargnée… pour l’instant

Fait notable, la Chine — pourtant principale rivale des États-Unis sur le plan économique — ne voit pas ses prévisions de croissance révisées à la baisse. Selon la Banque mondiale, le pays disposerait de suffisamment de marges de manœuvre financières pour affronter les vents contraires provoqués par les tensions géopolitiques internationales.

Ce contraste illustre la résilience de l’économie chinoise face aux chocs externes, mais il ne suffit pas à compenser le ralentissement global observé ailleurs dans le monde.

Des risques accrus pour l’économie mondiale, mais pas de récession en vue

Dans un climat marqué par une incertitude politique croissante et des barrières commerciales renforcées, la Banque mondiale estime que le contexte économique mondial est devenu “plus difficile”. Elle s’inquiète également de potentielles décisions futures qui pourraient aggraver la situation, comme de nouvelles hausses de droits de douane aux États-Unis.

Selon le rapport, une intensification des mesures protectionnistes pourrait provoquer un gel brutal du commerce mondial dès la deuxième moitié de l’année, accompagné d’un effondrement de la confiance, d’une hausse marquée de l’incertitude et d’une instabilité financière accrue.

Toutefois, la Banque mondiale reste prudente : elle n’envisage pas, pour l’heure, de récession mondiale, estimant ce risque à moins de 10 %. L’institution souligne néanmoins que des actions politiques cohérentes et coordonnées sont indispensables pour éviter un repli plus sévère.