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Énergie : accord Espagne-France pour un « corridor vert »

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Énergie : accord Espagne-France pour un « corridor vert »

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L’Espagne, le Portugal et Barcelone sont parvenus à un accord pour la connexion énergétique entre la péninsule ibérique et l’autre côté des Pyrénées.

L’Espagne, le Portugal et Barcelone sont parvenus à un accord pour la connexion énergétique entre la péninsule espagnole et la France, abandonnant le projet de gazoduc à travers les Pyrénées au profit d’une nouvelle connexion entre Barcelone et Marseille, baptisée BarMar, un corridor vert qui pourra acheminer de l’hydrogène dans le futur mais qui sera désormais utilisé pour le gaz, a déclaré le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez.

« L’Espagne a une capacité de regazéification qui peut faire face aux demandes de solidarité », a-t-il expliqué. L’interconnexion sera double et la péninsule recevra de l’électricité de France.

Le président français Emmanuel Macron a annoncé qu’il se rendrait en décembre en Espagne pour finaliser un nouveau projet énergétique avec l’Espagne et le Portugal. « Ce matin – a déclaré Macron – nous avons tenu une réunion avec l’Espagne et le Portugal sur les interconnexions et nous avons conclu un accord politique conjoint qui prévoit l’abandon du projet historique MidCat pour promouvoir un projet sur lequel nous allons travailler dans les prochaines semaines » pour « connecter la péninsule espagnole et construire un corridor d’énergie verte entre le Portugal, l’Espagne, la France et le reste de l’Europe ».

« L’objectif – a-t-il ajouté – est de travailler à une intensification de notre interconnexion électrique et de travailler à une interconnexion d’hydrogène et d’énergie renouvelable entre Barcelone et Marseille », a-t-il souligné, notant que le projet est « un élément important de solidarité ».

La guerre en Ukraine semblait avoir relancé le projet de gazoduc MidCat

Depuis que la Russie a envahi l’Ukraine, Madrid avait relancé les appels à la construction d’un énorme gazoduc entre l’Espagne et la France, baptisé MidCat, qui renforcerait l’indépendance énergétique de l’Europe vis-à-vis de la Russie.

Qu’est-ce que MidCat ?

Lancé initialement en 2003, le gazoduc Midi-Catalogne (MidCat), long de 190 kilomètres, devait pomper le gaz à travers les Pyrénées, de Hostalric, au nord de Barcelone, à Barbaira, dans le sud de la France.

Son objectif est de transporter le gaz d’Algérie vers le reste de l’Union européenne en passant par l’Espagne. Il n’existe actuellement que deux petits gazoducs reliant l’Espagne et la France.

Mais après plusieurs années de travaux, le projet avait été abandonné en 2019 après que les régulateurs de l’énergie des deux pays l’ont rejeté sur fond de questions sur son impact environnemental et sa rentabilité.

Pourquoi BarMar

Depuis que la Russie a envahi l’Ukraine en février, l’UE a juré de mettre fin à sa dépendance au gaz russe, qui fournit actuellement près de 40 % des besoins en gaz du bloc.

Un gazoduc en eau profonde de 750 km, appelé Medgaz, relie déjà l’Algérie, riche en gaz, au sud de l’Espagne.

Un deuxième gazoduc sous-marin, appelé GME, relie l’Espagne à l’Algérie via le Maroc, mais Alger a interrompu en novembre l’approvisionnement par ce biais en raison d’un conflit diplomatique avec Rabat.

L’Espagne dispose également de six terminaux de regazéification et de stockage de gaz naturel liquéfié (GNL) transporté par voie maritime, soit le plus grand réseau d’Europe.

Le gaz qui arrive en Espagne par mer et par gazoduc depuis l’Algérie pourrait ensuite être acheminé vers le reste de l’Europe par BarMar.

Le gazoduc BarMar devient crucial pour réduire la dépendance de l’UE à l’égard des combustibles fossiles et « mettre fin au chantage du Kremlin » qui utilise son gaz comme arme contre l’Europe, selon les mots d’Ursula von der Leyen, commissaire européenne.

Pourquoi abandonner MidCat ?

Le gazoduc MidCat se heurait à plusieurs obstacles, à commencer par son prix énorme estimé en 2018 à 440 millions d’euros. Il aurait également fallu trois à quatre ans pour le réaliser.

« MidCat ne peut pas être abordé comme une solution à court terme », avait ainsi déclaré l’ambassadeur de France en Espagne, Jean-Michel Casa, lors d’une interview accordée au quotidien barcelonais La Vanguadia, en mars.

En outre, il y a un manque de connexions entre la France et l’Allemagne, le pays le plus intéressé à trouver des alternatives au gaz russe.

Il serait « beaucoup plus simple d’amener le gaz directement par bateau en Allemagne », déclarait récemment Thierry Bros, expert en énergie à l’université Science Po de Paris.

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