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Pourquoi la French Tech séduit-elle les investisseurs étrangers ?

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Pourquoi la French Tech séduit-elle les investisseurs étrangers ?

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Ce n’est plus un secret pour personne, les acteurs de la French Tech séduisent les fonds d’investissements et les grands groupes étrangers. Le nombre d’acteurs internationaux aux tours de table des start-up françaises ne cesse d’ailleurs de croître. Si une telle réussite témoigne de la viabilité et du sens de l’innovation de l’écosystème FrenchTech, elle interroge aussi sur la capacité des fonds d’investissement à accorder leur confiance aux pépites hexagonales et à mobiliser les fonds nécessaires pour soutenir leur croissance.

L’Hexagone continue de confirmer son attractivité

La capacité de la France à faire émerger des licornes est désormais reconnue à l’international. Le label FrenchTech, créé par les pouvoirs publics, a donné de la visibilité à une tendance déjà bien ancrée. De même, le pays peut s’appuyer sur des profils hautement qualifiés, notamment des ingénieurs, dont la qualité professionnelle est aujourd’hui unanimement reconnue à l’international. La France demeure aussi bien présente dans les classements internationaux. Dans le domaine de l’innovation, la France est au 5e rang mondial en termes de dépôt de brevets avec, en 2019, 10 163 demandes déposées auprès de l’Office européen des brevets. Au niveau européen, la France atteint ainsi la deuxième position, juste derrière l’Allemagne et devant la Suisse. Dans le monde, seuls les États-Unis, la Chine, le Japon et l’Allemagne font mieux que la France. A tous les niveaux, l’attractivité de la France résiste, malgré un contexte troublé, ces derniers mois, par la crise sanitaire et plusieurs mouvements sociaux qui auraient pu écorner l’image du pays face aux investisseurs étrangers.

L’appétit des investisseurs internationaux est tel que, pour ne pas laisser entièrement nos plus gros acteurs à des fonds étrangers, le secrétaire d’État au Numérique, Cédric O, a annoncé le 7 février dernier la création d’un fonds de 6 milliards d’euros pour contribuer au financement de la Frenchtech, largement nourri par des investisseurs institutionnels. « Aujourd’hui, une entreprise française doit aller voir des investisseurs étrangers, à de rares exceptions, pour des tours de table de plus de 100 millions d’euros » a ainsi expliqué Cédric O, au magazine Challenges. En parallèle, la France poursuit son opération séduction auprès des investisseurs étrangers avec, notamment, la création du label Choose France pour attirer les meilleurs talents étrangers par un système avantageux de visa et en favorisant la prise d’action par les salariés.

Toujours plus de fonds étrangers au board des start-ups hexagonales

Une étude de la banque d’affaires Cambon Partners concorde avec les constats des pouvoirs publics. Seuls 86 fonds de capital-risque étaient présents au board des start-ups françaises entre 2016 et 2017. Fin 2019, ils étaient 146. Et les sommes investies ont aussi explosé, grimpant de 1,15 milliard pour la période 2016 -2017 à 2,76 milliards pour 2018-2019. Ces nouveaux venus au capital des jeunes pousses français sont majoritairement Britanniques, pour 30 % d’entre eux, ou Américains, pour 28 %. Autre bonne nouvelle, les fonds investissent aussi de plus en plus tôt, bien souvent dès l’amorçage. Une stratégique qui peut aussi s’avérer payante, l’envolée rapide de certaines valorisations rendant délicats, pour certains acteurs, les investissements au second ou troisième tour.

Des Fintech françaises courtisées

Même dans des domaines ultra-compétitifs, la France semble avoir la capacité de favoriser l’émergence de champions sectoriels. Dans le domaine des réseaux sociaux par exemple, où le monopole Facebook – Instagram pourrait sembler inébranlable, des acteurs made in France éclosent. La plateforme sociale Yubo a ainsi accueilli Village Global et Sweet Capital, tous deux spécialisés dans le numérique, à son capital. Et, pour Yubo, bénéficier de l’accompagnement de tels acteurs permet d’envisager très sereinement l’avenir. En effet, le premier rassemble les plus gros acteurs de la Tech, comme Marc Zuckerberg, Bill Gates ou encore Jeff Bezos, première fortune du monde. Le second a été créé par les fondateurs du désormais mythique Candy Crush, dont le nombre de joueurs atteint presque les 300 millions de personnes. Le modèle du co-investissement a été privilégié, grâce à la présence des historiques Idinvest Partners et Alven aux côtés des fonds américains. En effet, comme le souligne l’étude de Cambon Partners, le co-investissement avec des structures françaises demeure privilégié par les fonds étrangers. Selon Sacha Lazimi, CEO et cofondateur de Yubo, interrogé par le magazine Capital, ce succès n’a rien d’un hasard. « Il y a de plus en plus d’applications sociales (grand public) en France qui réussissent, comme Voodoo (jeux vidéo), Zenly (réseau social géolocalisé racheté par Snapchat) ou MWM (création musicale) » explique-t-il.

Meero, la start-up devenue licorne, dont la spécialité est la mise en relation entre des photographes indépendants et des clients, partout dans le monde, a levé 205 millions d’euros en juin dernier, auprès des fonds Eurazeo Growth, Prime Ventures et Avenir Growth, qui ont ainsi rejoint les investisseurs français historiques. Mais les Américains et Britanniques ne représentent pas la totalité des investisseurs. Les Asiatiques deviennent aussi très friands des jeunes pousses françaises. Fin janvier 2020, ManoMano, l’un des leaders des services de bricolage, a levé 110 millions et fait entrer un fonds singapourien à son capital. Toujours en janvier 2020, la Fintech Qonto a ainsi accueilli le chinois Tencent et le hongkongais DST Global à son capital.

Si la crise sanitaire devrait entraîner la faillite de beaucoup de jeunes pousses, la solidité de l’écosystème FrenchTech semble avérée. Mais, pour conserver ses pépites, la France doit mobiliser l’ensemble de ses ressources, notamment financières, pour accompagner la croissance de start-ups qui pourraient, demain, devenir les licornes dont le pays a tant besoin.

 

 

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