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Le CAC 40 s’effondre sous la double pression politique française et américaine

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Le CAC 40 s’effondre sous la double pression politique française et américaine

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CAC 40

Le CAC 40 a connu un net repli ce mardi 26 août, plombé par l’incertitude politique autour du gouvernement Bayrou et par la crise de gouvernance à la Réserve fédérale américaine après le limogeage de Lisa Cook par Donald Trump. Les valeurs bancaires et du BTP figurent parmi les plus touchées.

Une séance marquée par l’incertitude politique

La Bourse de Paris a entamé la journée en forte baisse. Dès l’ouverture, le CAC 40 a abandonné 2,1 %, s’établissant à 7.678,94 points, après avoir déjà cédé 1,59 % la veille. Cette tendance s’explique en grande partie par l’instabilité politique qui secoue la France depuis l’annonce du Premier ministre François Bayrou.

Lundi, le chef du gouvernement a indiqué qu’il se soumettrait à un vote de confiance le 8 septembre devant le Parlement. Cette décision ouvre la voie à une éventuelle censure, une perspective qui nourrit les craintes d’un blocage institutionnel. Plusieurs formations politiques, dont le Rassemblement national, La France insoumise et le Parti socialiste, ont d’ores et déjà déclaré qu’elles ne voteraient pas la confiance.

Pour les investisseurs, le risque est clair : si Bayrou échoue à obtenir le soutien du Parlement, Emmanuel Macron serait contraint de nommer un nouveau Premier ministre. Or, celui-ci devrait immédiatement relever le défi de faire adopter le budget 2026, un exercice délicat dans un climat politique aussi fragmenté.

Les secteurs les plus exposés à la tempête

Cette incertitude pèse directement sur les valeurs les plus sensibles à la conjoncture économique française. Les banques, en première ligne, subissent de plein fouet la défiance des investisseurs. BNP Paribas plonge de 5,7 %, Société Générale de 4,2 % et Crédit Agricole SA de 4 %.

Le secteur du BTP et des concessions n’est pas épargné. Vinci recule de 5 % tandis qu’Eiffage enregistre une chute impressionnante de 7 %. Ces groupes, fortement dépendants de la commande publique et des grands projets d’infrastructures, sont particulièrement vulnérables à une paralysie budgétaire.

La défiance gagne aussi le marché obligataire. L’écart entre le rendement de l’OAT française à 10 ans et celui du Bund allemand de même maturité atteint près de 80 points de base, un niveau inédit depuis avril. Ce différentiel, qui mesure la prime de risque exigée par les investisseurs, traduit un affaiblissement de la confiance dans la signature de la dette française.

Le choc venu des États-Unis

Si l’actualité française suffit à expliquer la nervosité des marchés, elle n’est pas la seule en cause. La décision du président américain Donald Trump de limoger la gouverneure de la Réserve fédérale, Lisa Cook, a ravivé les inquiétudes à l’international.

Annoncée dans la nuit de lundi à mardi, cette décision contestée juridiquement illustre la volonté de l’exécutif américain d’intervenir dans les affaires d’une institution censée être indépendante. Pour de nombreux observateurs, il s’agit d’une atteinte grave à la crédibilité de la Fed.

« C’est un coup fatal porté à l’indépendance de la Fed », a estimé Aaron Klein, chercheur à la Brookings Institution, cité par Bloomberg. « Trump dit que la Fed va faire ce qu’il veut, de gré ou de force. »

La réaction des marchés est à la hauteur de cette inquiétude : la crainte d’une politisation accrue de la politique monétaire américaine pourrait renforcer la volatilité sur les devises et les taux d’intérêt, avec des répercussions immédiates sur les places financières européennes.

Une combinaison explosive pour les investisseurs

La concomitance de ces deux crises – l’une politique en France, l’autre institutionnelle aux États-Unis – crée un climat de défiance généralisée. Le CAC 40, déjà fragilisé par des signaux de ralentissement économique en Europe, trouve peu de soutien. Les valeurs défensives, habituellement privilégiées en période de turbulence, ne suffisent pas à compenser les pertes des secteurs bancaires et industriels.

Les analystes de Deutsche Bank résument la situation : « Si le gouvernement français perd le vote de confiance, un nouveau cabinet devra être constitué, et il lui faudra affronter immédiatement l’épreuve budgétaire. » Autrement dit, l’instabilité pourrait durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois, accentuant la nervosité des marchés.

À cette équation complexe s’ajoute l’incertitude sur l’avenir de la politique monétaire américaine. Si la Fed est perçue comme inféodée à la Maison-Blanche, les anticipations sur les taux directeurs pourraient perdre en cohérence, augmentant les risques de mouvements brusques sur les marchés financiers mondiaux.

Une rentrée sous haute tension

À deux semaines de la rentrée parlementaire française et dans un contexte international déjà chargé, les investisseurs redoutent une escalade. Le vote du 8 septembre pourrait constituer un tournant pour la stabilité politique de la France. De son issue dépendra la capacité du pays à rassurer ses partenaires et à présenter un budget crédible.

Dans le même temps, les marchés attendent de voir si le limogeage de Lisa Cook restera un acte isolé ou s’il s’inscrit dans une stratégie plus large de Donald Trump visant à remodeler la Fed à son avantage. La réponse pourrait déterminer l’évolution des taux américains et, par ricochet, celle des marchés européens.

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