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Budget de la Sécu : Sébastien Lecornu en quête d’alliés avant une semaine sous haute tension

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Budget de la Sécu : Sébastien Lecornu en quête d’alliés avant une semaine sous haute tension

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À l’approche d’un nouvel examen décisif du budget de la Sécurité sociale, Sébastien Lecornu s’emploie à convaincre une majorité introuvable. Le Premier ministre, qui doit défendre un texte profondément remanié par le Sénat, multiplie les rencontres politiques et sociales dans l’espoir de trouver une issue avant un vote extrêmement serré.

Une tournée express pour sauver un texte fragilisé

Lundi midi, Matignon accueille coup sur coup les dirigeants socialistes puis communistes. Mardi, ce sera au tour des écologistes, avant une rencontre prévue mercredi avec les cadres du Rassemblement national. Le chef du gouvernement a déjà sondé Liot et Les Républicains la semaine précédente, afin de mesurer le degré de coopération possible autour d’un budget dont l’équilibre politique semble chaque jour plus précaire.

Sébastien Lecornu, qui assistera en personne au débat général mardi à l’Assemblée, mène en parallèle une série d’entretiens avec les partenaires sociaux : Medef, CFDT, FO doivent être consultés dans les prochaines heures. Le Premier ministre échange aussi avec des parlementaires spécialisés dans la défense ou l’énergie, secteurs fortement impactés par les arbitrages budgétaires.

En ouverture de cette séquence cruciale, il a adressé une lettre aux entrepreneurs pour les alerter sur les risques d’un rejet du texte. Selon lui, le véritable péril est « l’absence de budget », une situation qui placerait chacun devant une ligne de partage nette : « ceux qui veulent faire tenir le pays » et « ceux qui préfèrent le voir vaciller ».

Un projet remanié par le Sénat, source de crispations

Le texte revient dans l’hémicycle dans la version voulue par la chambre haute, très éloignée de celle adoptée en première lecture par les députés. Les sénateurs ont notamment supprimé la suspension de la réforme des retraites, mesure pourtant centrale pour la gauche. Ils ont également rejeté une hausse de la CSG sur le capital, obtenue au forceps par les socialistes lors du premier examen.

Un premier vote portant sur la partie « recettes » est attendu cette semaine, avant le vote global prévu le 9 décembre. Mais l’ambiance est mauvaise : samedi, la commission des Affaires sociales a rejeté le budget. Les Républicains ont voté contre ; les socialistes se sont abstenus. « On est assez loin d’un accord », constate Frédéric Valletoux, président de la commission, indiquant que le groupe Horizons n’exclut pas un vote négatif.

Cette fracture interne complique encore la recherche d’une majorité. LFI et le bloc RN-UDR devraient logiquement voter contre. Dans ces conditions, le gouvernement ne peut espérer l’adoption du budget qu’à condition que ses propres groupes restent soudés… et que les socialistes ainsi que les écologistes s’abstiennent. Le scénario d’un PS votant explicitement pour reste théorique, tandis que les écologistes s’orientent plutôt vers une opposition nette.

Le PS en position d’arbitre, mais en exigeant des garanties

En se rendant à Matignon, les socialistes comptent rappeler leurs priorités : défendre le pouvoir d’achat, renforcer les services publics et faire contribuer davantage les ménages les plus aisés. Boris Vallaud, président du groupe PS, insiste aussi sur les désaccords persistants autour du doublement des franchises médicales — mesure jugée socialement injuste par la gauche — et autour des exonérations de cotisations sociales, que son camp souhaite réduire plutôt que de taxer les hauts patrimoines.

La délégation socialiste entend également poser une question politique directe : Sébastien Lecornu est-il vraiment le chef de cette majorité ? Le PS observe en effet une « dispersion » croissante entre les groupes censés soutenir le gouvernement, notamment LR et Horizons, dont plusieurs élus expriment ouvertement leurs réticences.

Les Républicains, justement, semblent peu enclins à soutenir le texte. Philippe Juvin, rapporteur général du budget de l’État, n’a pas caché son scepticisme : « À l’heure où je vous parle, j’ai très envie de ne pas voter ce budget de la Sécurité sociale. »

Le gouvernement tente encore le compromis… dans l’ombre du 49.3

Malgré ce contexte tendu, la porte-parole Maud Bregeon continue de marteler que l’exécutif veut obtenir un vote. « Il n’y a pas de plan B », a-t-elle répété dimanche, estimant que sans adoption du budget, le déficit de la Sécu atteindrait « 30 milliards d’euros » en 2025. Elle appelle les socialistes à soutenir le texte, jugeant incohérent un vote négatif après les concessions faites par le gouvernement sur la réforme des retraites. Elle assure par ailleurs que l’exécutif vise un déficit maîtrisé, « sous les 20 milliards ».

« On est tous adultes et capables d’arriver à des compromis dans l’intérêt supérieur du pays », insiste-t-elle. Mais cette rhétorique peine à masquer un autre scénario, de plus en plus évoqué tant au PS que chez LR : l’éventuelle utilisation du 49.3.

Le Premier ministre avait jusqu’ici renoncé à cet outil à la demande des socialistes. Mais si les négociations échouent, le recours constitutionnel pourrait redevenir l’option la plus simple pour faire adopter le texte sans forcer les oppositions modérées à s’exposer politiquement.

À la veille d’une semaine cruciale, la majorité cherche encore son point d’équilibre. Reste à savoir si les discussions de Matignon suffiront à stabiliser un édifice parlementaire qui menace de s’effriter à chaque vote.

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