US Steel officiellement rachetée par Nippon Steel
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Après plus d’un an de négociations intenses, la société japonaise Nippon Steel a finalisé ce mercredi l’acquisition du géant américain US Steel. Une opération de près de 15 milliards de dollars qui, en raison d’enjeux stratégiques, a nécessité un compromis inédit avec les autorités américaines.
Un mariage industriel très attendu
C’est un mariage industriel longtemps retardé, mais désormais acté. Le sidérurgiste américain US Steel, emblème industriel basé à Pittsburgh depuis plus d’un siècle, passe officiellement sous le pavillon japonais. Le groupe Nippon Steel, premier producteur d’acier au Japon et quatrième mondial, a confirmé ce mercredi avoir finalisé l’acquisition de la société américaine, pour un montant avoisinant les 15 milliards de dollars (13 milliards d’euros).
Mais cette transaction, pourtant approuvée dès 2023 par les actionnaires de US Steel, n’a pas été un long fleuve tranquille. Elle a soulevé des inquiétudes majeures à Washington, à la fois sur les plans sécuritaire, économique et politique.
La sécurité nationale au cœur des débats entourant US Steel
L’intégration d’une entreprise stratégique comme US Steel à un groupe étranger n’est jamais anodine, et l’opération n’a pas échappé à l’examen minutieux des autorités américaines. Plusieurs responsables politiques, notamment dans des États clés comme la Pennsylvanie – cruciaux en période électorale – ont exprimé leurs craintes face à une éventuelle perte de contrôle sur une industrie jugée essentielle à la souveraineté nationale.
Pour obtenir le feu vert des régulateurs, Nippon Steel a dû consentir à des ajustements inédits. Un mécanisme de “golden share” a ainsi été mis en place : il permet au gouvernement fédéral de nommer un membre du conseil d’administration d’US Steel et de bloquer toute décision jugée préjudiciable aux intérêts industriels ou géopolitiques des États-Unis, notamment en matière de production nationale ou de concurrence étrangère.
Un nouveau géant mondial de l’acier
Au-delà des considérations stratégiques, cette alliance crée un mastodonte du secteur. Nippon Steel, fort de son savoir-faire technologique, entend renforcer sa présence sur le marché nord-américain tout en modernisant les infrastructures vieillissantes d’US Steel. “Ensemble, Nippon Steel et US Steel deviendront un leader mondial de la sidérurgie, avec des technologies et des capacités de production de premier ordre”, ont affirmé les deux entreprises dans un communiqué commun.
L’objectif est double : consolider la production d’acier à haute valeur ajoutée (notamment pour l’industrie automobile et la transition énergétique) et affronter la concurrence féroce des producteurs chinois et sud-coréens, qui dominent aujourd’hui le marché mondial.
US Steel : un enjeu politique en pleine année électorale
Cette opération, bien que menée par des acteurs privés, n’a pas échappé à la politisation. En pleine campagne présidentielle américaine, la reprise de US Steel a été largement commentée dans les États industriels, où le sujet de la réindustrialisation et de la protection des emplois est particulièrement sensible.
Les partisans de l’accord mettent en avant les investissements promis par Nippon Steel sur le sol américain. Mais les opposants dénoncent une perte symbolique de souveraineté, rappelant que US Steel, fondée en 1901 par Andrew Carnegie et J.P. Morgan, fut l’une des premières entreprises cotées à un milliard de dollars et un pilier de la puissance industrielle américaine.
La transaction de US Steel sous haute surveillance
Le compromis trouvé pourrait désormais faire jurisprudence dans les relations commerciales entre les États-Unis et leurs partenaires étrangers. La mise en place d’une action de contrôle gouvernemental dans une entreprise privée rachetée par un acteur étranger constitue un précédent important, révélateur du climat actuel de rivalité économique.
La suite dépendra de la capacité du nouveau groupe fusionné à tenir ses engagements, notamment en matière de production locale et d’emplois. Pour l’heure, l’opération marque un tournant dans l’histoire industrielle des deux pays, entre ouverture économique et protection stratégique.