L’économie française a enregistré une faible croissance au troisième trimestre, alors que les dépenses des ménages ont stagné et qu’une forte hausse de l’inflation en octobre a mis en évidence les vents contraires qui se profilent pour le dernier trimestre de l’année.

L’économie française a progressé de 0,2 % sur la période juillet-septembre, conformément aux attentes du marché, selon les données préliminaires de l’agence de statistiques officielles INSEE.

Dans le même temps, les prix à la consommation ont grimpé en flèche en octobre. Sur une base harmonisée au niveau de l’UE, l’inflation a augmenté de 1,3 % en glissement mensuel, sous l’effet de la hausse des prix des produits pétroliers et des denrées alimentaires. En glissement annuel, le taux s’établit à 7,1 %, contre 6,1 % un mois plus tôt, indique l’INSEE.

Ces données interviennent au lendemain d’un nouveau relèvement des taux d’intérêt par la Banque centrale européenne, qui craint que la croissance rapide des prix ne s’installe durablement. Elle a relevé son taux de dépôt de 75 points de base supplémentaires pour le porter à 1,5 %, le taux le plus élevé depuis 2009.

L’inflation obstinément élevée, la faiblesse des exportations et les risques liés à l’approvisionnement en énergie pèseront sur la deuxième économie de la zone euro dans les mois à venir, ont déclaré les analystes, au moment même où la Banque centrale européenne augmente ses taux pour contenir la hausse des prix.

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a déclaré qu’il ne voyait aucune raison de revoir à la baisse sa prévision de croissance du PIB de 2,6 % en 2022, mais qu’il y avait des signes évidents de faiblesse dans l’ensemble de la zone euro.

« Cela signifie une croissance résiliente cette année et au moins un ralentissement significatif l’année prochaine », a déclaré Villeroy lors d’une webémission organisée par le site financier Boursorama.

M. Villeroy, qui est également membre de la Banque centrale européenne, a déclaré que des progrès « substantiels » avaient déjà été réalisés dans la tentative de la BCE de lutter contre une poussée historique de l’inflation.

L’inflation en France atteint son plus haut niveau depuis 1985

Les prix à la consommation en France ont augmenté en octobre à leur rythme le plus rapide depuis 1985, sous l’effet de la hausse des prix de l’énergie, de l’alimentation et des produits manufacturés, selon des données officielles publiées vendredi.

La croissance des prix en glissement annuel a atteint 6,2% ce mois-ci, a déclaré l’Insee sur la base de données préliminaires, une nouvelle hausse de l’inflation après son ralentissement en août et septembre.

Les prix de l’alimentation et de l’énergie sont les plus touchés

Les prix des denrées alimentaires, en particulier, ont augmenté de près de 12 %, ce qui a porté un coup aux ménages les plus modestes qui consacrent une part plus importante de leur budget mensuel aux supermarchés.

Dans le même temps, les prix de l’énergie ont augmenté de près de 20 %, malgré les interventions des pouvoirs publics visant à limiter les factures des consommateurs, qui ont permis de maintenir l’inflation globale en dessous des niveaux observés chez les voisins de l’Union européenne.

La guerre de la Russie contre l’Ukraine et la limitation de l’approvisionnement en gaz de l’Europe ont déclenché une crise énergétique sur le continent, au moment même où de nombreuses centrales nucléaires françaises, dont l’importance est vitale, sont à l’arrêt pour maintenance.

L’inflation française a atteint 7,1 % en glissement annuel selon l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) utilisé par la Banque centrale européenne (BCE).

Jeudi, la BCE, dont le siège est à Francfort, a annoncé une nouvelle hausse des taux d’intérêt de 0,75 %, dans le cadre de ses efforts pour maîtriser la croissance des prix dans les 19 pays de la zone euro.

« Nous aurons d’autres hausses de taux à l’avenir », a déclaré la directrice de la banque centrale, Christine Lagarde. « Il y a encore du chemin à parcourir ».

L’Insee publiera sa lecture finale de l’inflation d’octobre à la mi-novembre.