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Nucléaire : les compétences au coeur du réacteur

Industrie

Nucléaire : les compétences au coeur du réacteur

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Alors que le nucléaire français accuse un déficit de compétences, le devenir de la filière tiendra pour beaucoup à sa capacité à former les compétences de demain. 

La fermeture de 14 réacteurs de 900 MW, annoncée fin novembre 2018 par Emmanuel Macron pour 2035, semblait avoir sonné le glas du nucléaire français. Il n’en est rien : toute stratégie de sortie du nucléaire a depuis été écartée par le gouvernement. Pour autant, le parc de centrales a vieilli et le savoir-faire des professionnels avec lui. Le secteur souffre en effet d’un manque criant de compétences.

D’après le rapport de Jean-Martin Folz remis en octobre 2019, ce déficit aurait conduit, entre autres, aux difficultés du chantier de l’EPR de Flamanville. En mai 2019, auditionné devant l’Assemblée nationale, le président de l’Autorité de sûreté nucléaire, Bernard Doroszczuk a alerté sur ce déficit de compétences, tout en assurant que la sécurité nucléaire et la radioprotection s’étaient maintenus à un bon niveau en France au cours de l’année 2018, et qu’aucun incident majeur n’était à déplorer. 

Nucléaire recherche compétences

Le soudeur figure au premier rang des métiers touchés par le manque de compétences. Un métier essentiel à l’industrie du nucléaire qui repose sur la maîtrise de nombreuses aptitudes physiques et techniques telles que la connaissance des matériaux à assembler – de leurs caractéristiques chimiques et mécaniques à leur comportement durant la fusion – . Il est par ailleurs, et pour la sécurité de tous, contraint d’évoluer dans un environnement référentiel complexe et rigoureux.

Or, de nombreuses difficultés ont été repérées par la Société Française d’Energie Nucléaire (SFEN), dans le recrutement et la formation de ces profils. Ces problèmes trouvent leur source à plusieurs niveaux. Alors même qu’ils sont porteurs sur le marché de l’emploi, les métiers de la métallurgie sont encore bien souvent dévalorisés en France. Tout autant que l’apprentissage, un mode de formation pourtant plébiscité par les entreprises industrielles. 

Et si les formations existent, elles se montrent parfois trop lapidaires pour permettre aux apprenants d’emmagasiner l’essentiel du savoir-faire attendu. A cela s’ajoute un argument conjoncturel tout simple: la désindustrialisation progressive de la France et l’absence de grands chantiers d’ampleur ces dernières années, qui ont mis un coup d’arrêt notable à la transmission des savoir-faire.

Un plan d’excellence pour relancer la machine

Le secteur a bien conscience de ce déficit. En témoigne le plan dévoilé par EDF en décembre dernier, en présence des représentants de la filière. Baptisé « plan Excell », et doté d’un budget de 100 millions d’euros, il ambitionne d’amener le nucléaire français à son plus haut niveau de rigueur. Et prévoit notamment pour ce faire une série de mesures pour renforcer les compétences des (futurs) professionnels. “Pour que la filière atteigne son plus haut niveau, elle doit pouvoir s’appuyer sur les compétences appropriées” estime le DRF d’EDF Christophe Carval. 

Le volet compétences comprend ainsi la création d’une Université des métiers du nucléaire aux côtés du GIFEN, la création d’un “outil de gestion des savoirs”, la mise en place de parcours croisés au sein d’EDF et de la filière, entre les métiers de la fabrication, de la construction et de l’exploitation ; et aussi un plan spécifique pour le recrutement et la formation des soudeurs.

Relever ce défi de formation s’avère d’autant plus fondamental que le secteur recrute à bras ouverts. En tout, plus de 5 000 recrutements sont prévus au cours des 3 prochaines années, dans le seul périmètre d’EDF. Jusqu’en 2020, le CSFN (Comité stratégique de la filière nucléaire) estime, pour sa part, à 8 000 le nombre de postes à pourvoir chaque année pour répondre aux besoins de la filière. 

 

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