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Le thermique fait sa révolution

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Le thermique fait sa révolution

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Alors que la France cherche des solutions fiables et efficaces pour assurer son approvisionnement électrique, les centrales thermiques apparaissent comme le secret le mieux gardé du secteur.

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La vague de froid de ces dernières semaines a beau avoir été d’une intensité « modérée », comme le déclarait récemment au Monde Patrick Galois, prévisionniste à Météo France, les Français ont tout de même eu le sentiment de traverser quelques semaines de froid particulièrement rigoureux. Pour preuve, des températures inférieures de « quatre à huit degrés » aux normales saisonnières. On nous disait que le froid pouvait avoir un impact sanitaire important sur les populations les plus fragiles, en particulier les personnes âgées et les nourrissons. On nous dressait une liste de risques tels que l’intoxication au monoxyde de carbone due à des appareils de chauffage défectueux ou les incendies domestiques. Mais le pire était probablement la pénurie d’électricité, dont on savait qu’elle pouvait avoir des conséquences préoccupante. Selon RTE, 13 000 MW pouvaient venir à manquer pour faire face à la consommation de l’Hexagone pendant la semaine la plus froide de janvier.

Aujourd’hui, preuve a été apportée que le réseau électrique tricolore est à même de faire face à des pics de consommation inattendus. Le parc de production d’EDF a tourné à plein pendant plusieurs jours et les importations de courant électrique ont offert une marge de manœuvre supplémentaire à l’électricien. Quelques 1 350 MW ont ainsi été importés d’Espagne, 1 000 de Belgique et 710 d’Allemagne. Mais EDF a également dû mobiliser ses centrales thermiques pour sécuriser l’alimentation électrique française.

Ainsi, sept ans après sa mise en arrêt, la centrale thermique à cycle combiné au gaz naturel (CCGT) de Pont-sur-Sambre (Nord) a de nouveau tourné à plein régime. Pour le directeur du site, Raphaël Olla, cela ne fait aucun doute : la centrale thermique de Pont-sur-Sambre est indispensable au mix énergétique français, surtout lorsque la demande électrique est exceptionnellement forte et qu’une partie du parc nucléaire est à l’arrêt. La centrale « peut produire, à la demande de RTE, du jour pour le lendemain », affirmait M. Olla à La Voix du Nord le 24 janvier estimant à 57 % le rendement énergétique de la centrale, avec des possibilités de pointes à 410 MW et des niveaux de pollution très faibles.

Même fierté sur le site de Bouchain (Nord), où la centrale à cycle combiné au gaz naturel a été particulièrement sollicitée ces derniers jours. Egalement interrogé par le quotidien régional, Jean-François Camus, délégué ressources, livrait le secret de la remarquable performance de la centrale thermique. « Son principal intérêt, par rapport à la centrale charbon, c’est sa réactivité. Elle peut monter vite en puissance, en trente minutes. Alors qu’avec la centrale charbon, il fallait huit heures ». Et d’ajouter, sans fausse modestie : « C’est la machine la plus performante au monde dans sa catégorie. Elle est vraiment adaptée aux variations de puissance ».

En effet, les centrales thermiques jouent un rôle clé dans le mix énergétique français. La production d’électricité d’origine thermique représente entre 3 et 5 % de l’électricité produite chaque année par EDF, et l’électricien considère encore les centrales thermiques à flamme comme « l’un des moyens les plus efficaces pour faire face aux variations de demande d’électricité, et notamment aux pics de consommation ».

Ces centrales dépendent de combustibles fossiles (charbon, gaz, pétrole), soit une source non intermittente idéale pour faire face aux variations soudaines de consommation électrique. Elles représentent actuellement entre 120 et 700 MW en France, pour un total de 23,7 GW de puissance installée, ce qui dans l’absolu semble dérisoire, mais fait de l’énergie thermique à flamme une source fiable à même d’assurer l’équilibre du réseau électrique tricolore.

Raison pour laquelle EDF s’est récemment lancé dans un vaste programme de modernisation de son parc thermique, afin de le rendre plus performant, et plus propre. L’électricien développe en particulier des centrales charbon de « dernière génération », dotées de technologies (type Capture et Stockage de CO2, CSC) qui réduisent les émissions de dioxyde de carbone grâce à une meilleure combustion et une réduction des émissions d’oxydes de soufre, d’oxydes d’azotes et de poussières. Le groupe développe en outre diverses techniques pour optimiser les performances environnementales de ses centrales, notamment la désulfuration des fumées de charbon, la dénitrification et l’utilisation de combustibles de meilleure qualité.

Contrairement à ce que l’on peut entendre, les centrales thermiques à flamme ont un bel avenir devant elles. Bien sûr, les techniques sont appelées à évoluer et la centrale de Bouchain, la plus performante et la moins polluante au monde, pourrait n’être que la première d’une longue série de centrales nouvelle génération à l’efficacité et la « propreté » insoupçonnées. De quoi allier les objectifs de lutte contre le réchauffement climatique et d’approvisionnement en électricité dans l’Hexagone.

Crédits photo : @EDF – JONCHERAY VALERY

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