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Tensions commerciales : l’UE menace les États-Unis

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Tensions commerciales : l’UE menace les États-Unis

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Face aux tensions d’une hausse unilatérale des droits de douane américains à 30 %, les diplomates européens ont validé un plan de riposte commercial de grande ampleur. Bruxelles a listé des marchandises américaines – du bourbon aux avions Boeing – qui pourraient être lourdement taxées dès le 7 août si les négociations transatlantiques échouent. L’escalade semble proche, mais un accord est encore envisageable.

Trump menace, les marchés sous tension, l’Europe se prépare

Alors que Donald Trump envisage de revenir à la Maison Blanche avec une politique commerciale plus agressive encore, l’Union européenne se prépare à toute éventualité. Le scénario d’un relèvement brutal des droits de douane américains – jusqu’à 30 % sur certains produits – ne relève plus de l’hypothèse théorique. C’est aujourd’hui une menace tangible qui pourrait frapper de plein fouet les exportateurs européens.

Pour anticiper ce coup dur, Bruxelles a réuni ses diplomates et les États membres autour d’un plan de contre-mesures. Le 18 juillet, ils ont validé une riposte d’une ampleur inédite : une taxation potentielle de marchandises américaines représentant jusqu’à 93 milliards d’euros. Cette réponse prend la forme d’une liste fusionnée de deux “paquets” de sanctions commerciales, déjà préparés mais jusqu’ici suspendus dans l’attente d’un accord avec Washington.

Deux listes de représailles, une seule réponse

Le premier ensemble de mesures, déjà prêt depuis avril, concernait 21 milliards d’euros de produits américains : soja, jeans, motos, produits alimentaires et textiles emblématiques. Ce « premier paquet » avait été préparé comme levier de négociation, mais n’avait pas été activé, Bruxelles gardant l’espoir d’une sortie de crise.

Face à la persistance des menaces, un second paquet de mesures a été ajouté, beaucoup plus ambitieux. Il couvre 72 milliards d’euros de marchandises, avec des produits plus stratégiques comme les avions Boeing, les voitures américaines ou des composants technologiques. L’ensemble porte donc la riposte à 93 milliards d’euros. L’Union européenne a choisi de fusionner ces deux listes pour ne former qu’un seul dispositif réactif, prêt à être mis en œuvre à partir du 7 août si aucun accord n’est trouvé.

Le spectre d’une guerre commerciale

La logique de ce bras de fer commercial n’est pas nouvelle, mais elle atteint désormais un seuil critique. Le retour possible de Donald Trump à la présidence, couplé à ses menaces explicites, ravive les tensions. L’Europe ne veut pas rester passive. “Nous devons être prêts à défendre nos intérêts si les États-Unis relèvent unilatéralement leurs droits de douane”, résume une source diplomatique européenne.

Ces représailles sont qualifiées de « proportionnées » par Bruxelles, mais elles pourraient déclencher une escalade, comme ce fut déjà le cas sous la précédente administration Trump. À ce jour, les États-Unis imposent encore des droits de douane accrus sur environ 380 milliards d’euros de produits européens. La situation est donc déjà déséquilibrée, même si des pourparlers sont en cours pour assainir les échanges.

L’espoir d’un accord reste permis malgré les tensions

Malgré le ton ferme adopté, l’Union européenne ne ferme pas la porte à une issue négociée. Selon des informations de Bloomberg et du Financial Times, les deux puissances seraient proches d’un accord prévoyant un plafonnement mutuel des droits de douane à 15 % sur certains produits industriels. Une solution qui permettrait d’éviter l’application des mesures punitives prévues par l’UE et de désamorcer un conflit aux conséquences économiques lourdes.

Les prochaines semaines seront décisives. Si les discussions échouent, la liste de l’UE sera activée dès le 7 août, avec des conséquences concrètes pour des secteurs symboliques de l’économie américaine : les producteurs de Bourbon, les constructeurs automobiles, les compagnies aéronautiques et même l’agroalimentaire.

L’UE dégaine aussi son “instrument anti-coercition”

Outre les taxes douanières, l’Union européenne dispose désormais d’un nouvel outil : l’« instrument anti-coercition ». Mis en place en 2023 dans un contexte de tensions commerciales avec la Chine, cet outil donne à Bruxelles un levier puissant pour répondre à des actes perçus comme hostiles.

Concrètement, il permet non seulement d’imposer des taxes, mais aussi de suspendre des investissements étrangers ou de restreindre l’accès aux marchés publics européens. Une arme économique que l’UE brandit désormais aussi face aux États-Unis, dans un signal fort envoyé à Washington.

Une ligne rouge commerciale bientôt franchie ?

À ce stade, tout reste suspendu au bon vouloir des négociateurs américains et européens. Mais une chose est certaine : si Washington applique les menaces de Donald Trump, l’Europe ne restera pas sans réaction. Avec un arsenal commercial renforcé et une stratégie coordonnée, Bruxelles se dit prête à répondre coup pour coup. La diplomatie commerciale européenne, longtemps prudente, semble désormais vouloir faire preuve d’autant de fermeté que de résilience. La paix douanière reste possible, mais le compte à rebours est lancé.

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