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La crise du Covid-19 semble renforcer la volonté française d’harmonisation fiscale en Europe

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La crise du Covid-19 semble renforcer la volonté française d’harmonisation fiscale en Europe

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L’Irlande figure sur les listes des pays que le papier français lie à la concurrence fiscale nuisible.

La pandémie de Covid-19 semble avoir renforcé la volonté française de parvenir à une harmonisation fiscale en Europe, ce qui pourrait avoir des conséquences importantes pour l’économie irlandaise.

Un document d’orientation publié ce mois-ci par l’Institut Notre Europe Jacques Delors cite la conclusion adoptée par le Conseil européen le 21 juillet 2020 en matière de solidarité.

« Si la plus grande vigilance reste de mise sur la situation sanitaire, l’accent est désormais mis sur l’atténuation des dommages socio-économiques. Cela nécessite un effort sans précédent et une approche innovante, favorisant la convergence, la résilience et la transformation de l’Union européenne », a déclaré le Conseil.

‘’L’Irlande’’, note le document d’orientation, « a bénéficié de fonds structurels importants, qui ont compensé les pertes de recettes résultant de sa politique d’attractivité fiscale en matière d’impôt sur les sociétés ».

L’auteur du document essaye, dans son introduction, de définir une échelle graduée de comportement fiscal, en commençant par l’optimisation fiscale, qui est légale, en passant par l’évasion fiscale qui, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques, « pourrait être strictement légale » mais « est généralement en contradiction avec l’intention de la loi », pour passer ensuite à l’évasion fiscale et au pire délit, la fraude fiscale, qui est punie par la loi.

L’Irlande figure sur la plupart des listes de pays que le document d’orientation lie à la concurrence fiscale néfaste. La liste des paradis fiscaux du Réseau pour la justice fiscale (Tax Justice Network) classe l’Irlande au sixième rang sur dix en termes d’importance des paradis fiscaux.

Selon le Bureau américain d’analyse économique, près de 60 % des bénéfices réalisés par les multinationales américaines en dehors des États-Unis sont déclarés dans des pays à faible fiscalité, en particulier l’Irlande et les Bermudes.

Ce document politique de 21 pages de l’institut interprète la déclaration du Conseil européen comme incluant la lutte contre la concurrence fiscale dommageable.

Sa publication intervient à un moment où la Commission européenne intensifie sa campagne contre les accords de faveur en matière d’impôt sur les sociétés dans l’UE, alors que la pression augmente pour que les entreprises et les particuliers fortunés supportent une plus grande part de la charge fiscale imposée par les profondes récessions qui frappent l’Europe.

Fonds de relance

Paolo Gentiloni, le commissaire européen chargé de l’économie, a déclaré que Bruxelles voulait faire pression sur les capitales pour qu’elles éliminent « les structures qui facilitent la planification fiscale agressive » dans le cadre de leurs plans de réforme nationaux au titre de son fonds de relance de 750 milliards d’euros.

La Commission a déjà identifié la République parmi les États membres dont les règles fiscales sont utilisées par les entreprises qui se livrent à des planifications fiscales agressives.

Le document d’orientation a été rédigé par un haut fonctionnaire français sous le pseudonyme d’Edgard Rivoli. Il n’est pas rare que les fonctionnaires français utilisent des pseudonymes pour leur permettre de garder l’anonymat tout en exprimant des opinions sur des questions politiques.

Les dépenses extraordinaires engagées pour soutenir l’effort de relance et le risque de divergence économique au sein de l’Union exigent cet « effort sans précédent » en termes de solidarité européenne, qui inclut la lutte contre la concurrence fiscale dommageable », conclut le document. « Dans le nouveau monde post-Covid-19, il n’y a pas de place pour la concurrence fiscale dommageable ».

Le Parlement européen devrait suggérer une « conditionnalité » qui « se concentrerait sur le recul des régimes et pratiques fiscales les plus dommageables afin de bénéficier des fonds structurels ou de rabais sur les contributions au financement du budget », écrit le fonctionnaire français.

Le Fonds monétaire international (FMI) estime que 550 milliards d’euros de bénéfices, soit plus d’un tiers des bénéfices générés par les filiales étrangères des multinationales, sont transférés chaque année vers les paradis fiscaux. Près de la moitié de cette somme irait au Luxembourg, en Irlande, aux Pays-Bas, en Belgique, à Chypre et à Malte.

Les tentatives de l’UE pour empêcher la concurrence fiscale dommageable entre les États membres ont souvent échoué parce que la règle de l’unanimité accorde un droit de veto à chaque État membre. Les pays nordiques et d’Europe de l’Est, ainsi que l’Irlande et le Portugal, se sont opposés au passage au vote à la majorité pour les questions fiscales.

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