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Au Japon, l’économie s’essouffle sous l’effet des droits de douane américains

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Au Japon, l’économie s’essouffle sous l’effet des droits de douane américains

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L’économie japonaise a trébuché au troisième trimestre 2025. Pour la première fois depuis dix-huit mois, le produit intérieur brut (PIB) s’est contracté, dans un climat dominé par le ralentissement des exportations — fragilisées par la hausse des droits de douane imposée par Washington —, une inflation persistante et un net recul de l’investissement immobilier.

Selon la première estimation dévoilée lundi par le gouvernement, l’activité a reculé de 0,4 % entre juillet et septembre. Le repli est significatif, mais plus contenu que ce que redoutaient les analystes interrogés par Bloomberg, qui misaient sur -0,6 %. Le deuxième trimestre a par ailleurs été révisé à la hausse (+0,6 %), après un début d’année déjà timide (+0,2 %). Ces variations en dents de scie témoignent d’une économie engluée dans un ralentissement durable après une quasi-stagnation durant toute l’année 2024.

Une conjoncture fragilisée sur plusieurs fronts

La nouvelle Première ministre, Sanae Takaichi, arrivée au pouvoir il y a un mois, pourrait être tentée d’accélérer un gigantesque plan de relance, évoqué dès son investiture. Les chiffres du trimestre confirment en effet plusieurs faiblesses structurelles. Parmi elles, l’immobilier, dont les investissements privés ont fortement reculé. Les nouvelles normes du bâtiment, entrées en vigueur en avril, ont divisé par deux les mises en chantier. Résultat : les investissements résidentiels ont chuté de 9,4 % sur un trimestre. « C’est l’un des moteurs principaux de la contraction actuelle », observe Marcel Thieliant, analyste pour Capital Economics.

La dépendance aux exportations, talon d’Achille de l’économie nippone

La seconde source d’inquiétude vient de l’extérieur. Les exportations japonaises, vitales pour le pays, subissent de plein fouet l’offensive tarifaire américaine. Malgré l’accord conclu cet été avec Washington — qui limite les droits de douane américains à 15 %, au lieu des 25 % initialement redoutés — les échanges restent sévèrement pénalisés.

En août, les exportations globales ont reculé de 0,1 % sur un an, marquant un quatrième mois consécutif de baisse. Le sursaut observé en septembre grâce au secteur des semi-conducteurs n’a pas suffi à compenser l’effondrement des ventes vers les États-Unis, en chute de 13,3 %. La consommation intérieure, elle, reste quasi stable et souffre d’une inflation persistante qui grignote le pouvoir d’achat.

Une inflation qui complique encore la donne

La hausse des prix, revenue à +2,9 % en septembre, dépasse largement la cible de 2 % fixée par la Banque du Japon (BoJ). Longtemps confronté à la déflation, le pays vit depuis 2022 une accélération durable de l’inflation, alimentée par les prix de l’énergie et du riz.

Ce contexte rend plus délicat le pilotage de la politique monétaire. « Le recul du PIB réduit clairement la probabilité d’une hausse des taux en décembre », juge Marcel Thieliant. « Mais la BoJ pourrait reprendre son cycle de resserrement en janvier. »

La banque centrale avait commencé à relever ses taux en mars 2024, tournant la page d’une décennie de politique ultra-accommodante. Elle avait toutefois mis cette stratégie entre parenthèses en début d’année face au ralentissement économique. Le nouvel affaiblissement du PIB complique encore l’équation : comment contenir l’inflation sans fragiliser davantage une croissance déjà vacillante ?

Une fin d’année décisive

Entre tensions commerciales, inflation élevée et investissements en recul, l’économie nippone aborde la fin de l’année dans une position inconfortable. L’exécutif, encore en rodage, pourrait être contraint de dévoiler rapidement de nouvelles mesures de soutien. Reste à savoir si elles suffiront à enrayer un cycle de fragilisation qui s’étire désormais depuis plus d’un an.

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