El Al : tensions autour de la guerre à Gaza
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Dans la nuit du 6 au 7 août, l’entrée des bureaux de la compagnie aérienne israélienne El Al à Paris a été recouverte de peinture rouge et de slogans pro-palestiniens. L’acte, rapidement condamné par les autorités françaises et israéliennes, intervient dans un contexte de tensions croissantes autour du conflit à Gaza.
Réactions politiques en chaîne contre El Al
La réaction ne s’est pas fait attendre du côté français. Le ministre des Transports, Clément Beaune, a publié un message sur X (anciennement Twitter) pour dénoncer ce qu’il a qualifié d’”actes de vandalisme” commis contre El Al. Il a également assuré de son “soutien total” aux équipes de la compagnie israélienne, rappelant que “les actes de haine et d’antisémitisme n’ont pas leur place dans notre République”.
La ministre israélienne des Transports, Miri Regev, a de son côté employé des mots encore plus forts. Qualifiant l’acte de “barbare et violent”, elle a dénoncé une escalade des actes hostiles envers Israël en Europe. Elle a aussi directement mis en cause la politique française, accusant Emmanuel Macron d’avoir envoyé un “signal dangereux” en annonçant, fin juillet, que la France reconnaîtrait l’État de Palestine à l’ONU en septembre. “Aujourd’hui c’est El Al, demain ce sera Air France”, a-t-elle averti.
Cette déclaration illustre l’extrême sensibilité du climat diplomatique autour de la guerre entre Israël et le Hamas, alors que les lignes politiques se tendent au sein même de l’Union européenne.
Un climat tendu, nourri par le conflit à Gaza
Depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, le conflit s’est intensifié dans la bande de Gaza, provoquant une onde de choc mondiale. Le bilan humain est dramatique : 1.219 morts côté israélien, essentiellement des civils, selon les données officielles compilées par l’AFP. En représailles, l’armée israélienne a lancé une vaste opération militaire qui a causé, selon le ministère de la Santé du Hamas – dont les chiffres sont considérés comme fiables par l’ONU – au moins 61.158 morts à Gaza, également en majorité des civils.
Ces chiffres alimentent l’indignation d’une partie de l’opinion publique internationale, notamment en Europe, où les mobilisations pro-palestiniennes se sont multipliées depuis plusieurs mois. Dans ce contexte, des actes de vandalisme ou d’intimidation se répètent, visant des symboles perçus comme liés à Israël ou à la communauté juive.
Début juin, plusieurs lieux communautaires juifs avaient déjà été ciblés par des jets de peinture verte à Paris. Trois ressortissants serbes ont été mis en examen dans cette affaire, les enquêteurs soupçonnant une instrumentalisation par une puissance étrangère, possiblement la Russie.
Des tensions jusque dans les airs, El Al prise pour cible
La polarisation s’étend jusqu’à l’intérieur des avions. Le 4 août, des passagers juifs voyageant à bord d’un vol de la compagnie Iberia ont découvert que leurs plateaux-repas casher portaient la mention “Free Palestine”. Un incident qui, là encore, révèle une fracture profonde dans les opinions publiques et les comportements individuels, sur fond de guerre médiatisée en continu.
Pour El Al, fière d’arborer le drapeau israélien sur la queue de ses avions, l’acte de vandalisme parisien constitue un nouvel épisode dans une séquence marquée par l’hostilité croissante à l’étranger. Dans un communiqué relayé par la chaîne israélienne N12, la compagnie affirme “condamner toute forme de violence, en particulier celle fondée sur l’antisémitisme”, et rappelle qu’elle reste engagée dans sa mission malgré les pressions extérieures.
Alors que les regards sont tournés vers l’ONU et que la France s’apprête à franchir une étape symbolique avec la reconnaissance de l’État palestinien, le climat autour du conflit israélo-palestinien semble plus inflammable que jamais, y compris dans les rues de Paris.