Vivendi : l’AMF contraint Bolloré à lancer une OPA
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C’est un véritable coup de tonnerre dans l’univers de Vivendi. L’Autorité des marchés financiers (AMF) a tranché : le groupe Bolloré, principal actionnaire de Vivendi, est désormais contraint de lancer une offre publique d’achat (OPA), suivie d’une offre publique de retrait (OPR), sur les actions qu’il ne possède pas encore. Le délai est fixé : six mois pour présenter un projet d’acquisition des titres restants.
Une décision aux conséquences stratégiques majeures, qui intervient alors que Vivendi est engagé dans un repositionnement global de ses activités, après la scission de certaines branches et la montée en puissance de Canal+ à l’international.
Une obligation réglementaire inattendue pour Vivendi
Jusqu’ici, Bolloré s’était abstenu de dépasser certains seuils capitalistiques afin d’éviter le déclenchement automatique d’une OPA obligatoire. Mais selon l’analyse de l’AMF, les dernières manœuvres de contrôle opérées par le groupe (notamment via la holding Compagnie de Cornouaille) justifient une requalification de sa position comme constitutive de prise de contrôle effective.
Conséquence : Bolloré est tenu de formaliser son emprise en déposant une offre publique sur le solde du capital flottant. Cette opération devra être suivie d’un retrait obligatoire, si la participation dépasse le seuil de 90 % à l’issue de l’OPA.
Vers un retrait total de la cote ?
Ce scénario ouvre désormais la voie à une sortie de Vivendi de la Bourse, hypothèse redoutée par certains actionnaires minoritaires. Bolloré pourrait ainsi finaliser la prise de contrôle totale du groupe, sans être contraint par les exigences de transparence du marché ou les pressions des investisseurs institutionnels.
Pour Vincent Bolloré, artisan depuis deux décennies de la montée en puissance de son empire médiatique, c’est un pas de plus vers une consolidation verticale de ses actifs : télévisions, édition, publicité, logistique de contenus… avec un contrôle intégral sur Vivendi, tout deviendrait plus fluide à orchestrer.
Des implications stratégiques pour les médias
Canal+, Prisma Media, Havas, ou encore Editis… Tous ces actifs, détenus ou influencés par Vivendi, pourraient se retrouver intégrés dans une stratégie resserrée et centralisée autour de l’écosystème Bolloré. Ce recentrage permettrait d’accélérer les projets de synergies et d’expansion à l’international, notamment en Afrique et en Asie, où le groupe Canal+ est en forte croissance.
Mais cette évolution pourrait aussi fragiliser certains équilibres dans l’univers médiatique français, notamment en matière de pluralisme ou d’indépendance éditoriale, sujets déjà régulièrement pointés par les observateurs.
Que prévoir pour l’avenir de Vivendi ?
Bolloré dispose d’un délai de six mois pour structurer et déposer son offre. L’AMF sera chargée d’en valider la conformité, et les actionnaires minoritaires auront à choisir entre vendre leurs titres ou rester à bord d’un Vivendi probablement en voie de privatisation.
Dans un marché où les groupes médias cherchent à grossir pour exister face aux géants du numérique, cette décision pourrait bien être l’un des tournants les plus décisifs de l’année 2025 dans le paysage économique français.