Marseille-Fos : le port retrouve son élan en transition verte
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Après des mois d’incertitudes, entre grèves portuaires et tensions géopolitiques en mer Rouge, le Grand Port Maritime de Marseille Fos (GPMM) semble renouer avec une dynamique positive. « Une dynamique plutôt forte », s’enthousiasme Christophe Castaner, président du conseil de surveillance du port, au moment d’évoquer un premier semestre 2025 très encourageant. Alors que la question du financement des investissements — estimés à 100 millions d’euros pour cette année — inquiétait en début d’année, Castaner se veut désormais rassurant : 80 % des crédits sont déjà engagés.
Marseille-Fos, nouvelle place incontournable de la croissance provençale
Un soulagement pour le port, qui voit ses efforts récompensés par des résultats solides dans toutes ses filières. Les chiffres du premier semestre parlent d’eux-mêmes. Le trafic de vracs solides bondit de 23 %, tiré par la sidérurgie (+41 %), notamment grâce aux importations de minerai pour ArcelorMittal. Le trafic de véhicules, en hausse de 18 %, bénéficie à la fois des constructeurs asiatiques et français. Le fret conteneurisé, lui, progresse modestement (+1 %), dynamisé par les échanges avec l’Inde et la Chine, même si la perte d’une ligne vers l’Amérique du Nord a pesé.
Pour Hervé Martel, président du directoire du GPMM, ces résultats traduisent « une conjoncture favorable », sans difficulté structurelle majeure. D’autres filières confirment cette embellie : les vracs liquides enregistrent +9 %, dopés par un impressionnant +55 % du trafic de gaz naturel liquéfié. Les trafics passagers ne sont pas en reste : +5 % pour les croisières avec 286 escales, dont 86 opérées par des navires propulsés au GNL, et des lignes régulières en progression, notamment vers le Maroc grâce à l’ouverture d’une nouvelle liaison opérée par La Méridionale.
Un programme d’investissement colossal
Mais au-delà des résultats immédiats, c’est surtout l’ambition à long terme du GPMM qui retient l’attention. Pour faire face aux mutations énergétiques et environnementales du secteur maritime, Marseille-Fos a lancé un plan d’investissement inédit de 100 millions d’euros en 2025, qui doit culminer à un milliard d’euros sur cinq ans. Ce « mur d’investissement », comme le qualifie Christophe Castaner, doit transformer le port en vitrine de l’industrie décarbonée.
Au cœur de cette ambition : la transition énergétique. La CNDP (Commission nationale du débat public) Marseille-Fos-Berre, qui évalue les grands projets en cours, arrive à sa phase finale ce 13 juillet. Cette consultation publique doit permettre d’identifier les priorités en matière d’infrastructures, de mobilité et de logement pour accompagner l’expansion verte du port. Un enjeu d’autant plus stratégique que la question de l’acceptabilité sociale et territoriale est devenue incontournable.
Parmi les projets structurants, le branchement électrique à quai (CENAQ) représente l’un des piliers de cette stratégie. Depuis 2017, 200 millions d’euros y ont été investis, avec un objectif de mise en service au premier semestre 2026. Hervé Martel veut croire à une réussite : « Nous ne sommes pas en retard », affirme-t-il. L’objectif est clair : permettre le branchement simultané de deux à trois navires, limitant ainsi l’usage de moteurs diesel à quai.
Autre levier d’action : l’énergie solaire. Le port prévoit de mettre en œuvre une stratégie photovoltaïque internalisée, visant une production de 8 mégawatts, qui sera entièrement dédiée aux navires présents en journée. Un signal fort de son engagement dans l’autonomie énergétique et la réduction des émissions de carbone.
Modernisation des infrastructures de Marseille-Fos
Sur le front des infrastructures, les ambitions du port s’étendent également aux relations commerciales. Le partenariat avec MSC Croisières, en pleine expansion (+10 % à l’import et +20 % à l’export), se renforce via une révision du contrat en cours. À la clé : une extension de 450 mètres linéaires de quai et 21 hectares de surface de stockage supplémentaire. La livraison pourrait intervenir à l’horizon 2029-2030, illustrant la stratégie « gagnant-gagnant » défendue par les responsables portuaires.
En parallèle, les projets emblématiques des hangars J0, J1 et J4, véritables symboles du renouveau portuaire, avancent également. Le J0, en phase finale, devrait être signé durant l’été, tandis que le projet du J1, piloté par le groupement VINCI – ADIM Provence, semble avoir trouvé un second souffle après plusieurs ajustements. Des annonces sont attendues en septembre.
Quant au J4, son avenir dépendra de l’appel d’offres en cours pour la future gare maritime. Si aucun opérateur ne se manifeste, le GPMM pourrait envisager une prise en main directe du projet, signe de sa détermination à mener à bien une reconversion ambitieuse du front de mer marseillais.