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François Bayrou veut mobiliser tous les Français pour redresser les finances publiques

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François Bayrou veut mobiliser tous les Français pour redresser les finances publiques

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Alors que les finances de l’État peinent à se redresser, François Bayrou prépare le terrain pour une vaste opération d’économies. Invité ce mardi matin sur BFMTV et RMC, le Premier ministre a esquissé les grandes lignes d’un futur plan budgétaire, sans entrer dans le détail, mais en insistant sur la nécessité d’un effort partagé par l’ensemble des citoyens. Il a également évoqué la possibilité de recourir à une TVA sociale, tout en appelant les partenaires sociaux à s’approprier le débat.

Un plan d’équilibre promis pour juillet

« Au début du mois de juillet, je proposerai aux Français un plan de retour à l’équilibre des finances publiques », a annoncé François Bayrou, promettant une trajectoire de redressement sur trois ou quatre années. Ce plan, censé permettre de trouver jusqu’à 40 milliards d’euros d’économies, n’a toutefois pas encore été détaillé. Interrogé pendant plus d’une heure, le chef du gouvernement est resté volontairement flou sur les mesures concrètes à venir.

Il a toutefois tenu à rassurer : aucun groupe social ne sera ciblé de manière isolée. « Je ne désignerai pas une catégorie de Français pour épargner les autres », a-t-il affirmé. Il s’agira, selon lui, d’un effort collectif et équilibré face à une situation budgétaire préoccupante.

Une TVA sociale en débat

Parmi les pistes évoquées figure la fameuse « TVA sociale », une mesure sensible et controversée. Ce mécanisme, expérimenté brièvement en 2012 avant d’être abrogé par la gauche, consiste à augmenter la taxe sur la consommation pour alléger les cotisations patronales, avec l’objectif de soutenir l’emploi tout en finançant la Sécurité sociale.

François Bayrou s’est gardé de la proposer formellement, mais a souligné que la question devait être discutée entre syndicats et patronat. « Le travail en France n’est pas récompensé comme il devrait l’être », a-t-il estimé. Il s’inscrit ainsi dans le sillage d’Emmanuel Macron, qui avait récemment appelé à une conférence sociale pour réfléchir au financement d’un modèle social jugé trop dépendant des revenus du travail.

Des finances sociales sous tension

Cette déclaration intervient dans un contexte particulièrement tendu pour les comptes de la Sécurité sociale. La Cour des comptes a tiré la sonnette d’alarme cette semaine, évoquant un risque de « crise de liquidité » dès 2027, en raison d’une dérive jugée « hors de contrôle » des dépenses. Le système pourrait alors ne plus être en mesure d’honorer ses engagements vis-à-vis des assurés.

Pour François Bayrou, le nœud du problème est double : l’endettement massif du pays et son incapacité à produire autant que ses voisins. Un constat partagé par l’exécutif, qui souhaite revoir les modalités de financement du modèle social français.

Une opposition vent debout

L’évocation d’une TVA sociale n’a pas manqué de susciter des réactions indignées dans les rangs de l’opposition. Manuel Bompard (La France insoumise) a dénoncé une mesure « injuste » et « inacceptable », arguant qu’elle pèserait davantage sur les plus modestes, pour qui la consommation représente une part plus importante du budget. Il a appelé à revenir à un financement basé essentiellement sur les cotisations sociales.

Fabien Roussel, chef de file des communistes, a également fustigé une fiscalité qu’il estime déjà trop lourde pour les ménages, appelant plutôt à faire contribuer les plus riches et le monde de la finance. De son côté, Boris Vallaud (Parti socialiste) a pointé la responsabilité de la majorité présidentielle, accusée d’avoir trop largement exonéré certains acteurs économiques.

Transport sanitaire, référendum, islam : les autres dossiers brûlants

La volonté du gouvernement de réduire les coûts du transport sanitaire, notamment en encadrant les prestations de taxis conventionnés, alimente aussi la colère. Ces dépenses ont explosé ces dernières années, atteignant 6,74 milliards d’euros en 2024, dont 3 milliards pour les taxis. Bayrou a confirmé que la réforme entrerait en vigueur début octobre, et qu’elle permettrait même des économies supérieures aux estimations initiales.

Le Premier ministre n’a pas renoncé non plus à son idée d’un référendum sur les finances publiques. Bien que l’Élysée ait exprimé des réserves, Bayrou persiste : « J’y crois. Il faut une prise de conscience collective. » Emmanuel Macron, de son côté, s’est dit ouvert à un tel scrutin à condition qu’il porte sur un projet global de réformes économiques et sociales, et non sur des éléments strictement budgétaires, qui relèvent du Parlement.

Enfin, sur le front régalien, François Bayrou a rejeté toute « surenchère » sur la question de l’islam, dans une critique implicite visant les récents propos de Gabriel Attal. Il a mis en garde contre les dérives politiques qui exploiteraient ce thème à des fins électoralistes, appelant à ne pas faire de la religion musulmane un sujet de fixation.

Une séquence politique risquée

En exposant les grandes lignes d’un plan de rigueur encore à construire, François Bayrou prend le pari de la transparence… tout en ménageant le suspense. Les semaines à venir s’annoncent cruciales pour définir les mesures concrètes qui permettront d’atteindre les objectifs fixés. Mais avec une opinion publique déjà sensible aux questions de pouvoir d’achat, de fiscalité et de justice sociale, le défi politique sera de taille.

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