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Frédéric Abitbol tempère sur les défaillances d’entreprises

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Frédéric Abitbol tempère sur les défaillances d’entreprises

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Depuis deux ans, la France a observé une augmentation significative des défaillances d’entreprises, suscitant des inquiétudes quant à la santé économique du pays. Cependant, selon Frédéric Abitbol, président du Conseil national des administrateurs judiciaires et des mandataires judiciaires (CNAJMJ), cette tendance n’est pas le signal d’un retournement de conjoncture, mais plutôt un retour à la normale après une période unique liée à la crise covid.

Les défaillances d’entreprises remontent fortement depuis 2021. Sommes-nous face à un contre coup post-covid venant sanctionner les entreprises maintenues artificiellement en vie par les aides publiques ? Ou bien cette augmentation illustre-t-elle un retournement de conjoncture ? Frédéric Abitbol a pu répondre à ces questions le 9 novembre dernier, à l’occasion d’une table ronde organisée au Sénat autour du thème « Hausse des défaillances d’entreprises : un signal d’alerte ? ». Le président du Conseil national des administrateurs judiciaires et des mandataires judiciaires (CNAJMJ) se montre rassurant : La forte hausse des défaillances d’entreprises n’est pas le signal d’un retournement de conjoncture, mais le retour à la situation pré-covid.

Avec 43 000 procédures ouvertes jusqu’à fin octobre 2023 et une estimation de 50 000 à la fin de l’année, Frédéric Abitbol souligne que ces chiffres se situent dans le bas de la moyenne à long terme (environ 60 000 défaillances par an). Pendant la crise sanitaire, le nombre de défaillances était anormalement faible en raison des mesures de soutien gouvernemental. Il semble maintenant revenir à un niveau plus conforme à la réalité économique française et à la vie normale des affaires.

Selon le président du CNAJMJ, la situation actuelle ne présente pas de caractère alarmant, y compris pour les emplois : « On va être autour de 200 000 salariés concernés par des procédures collectives cette année, et, là encore, on est à peu près dans l’étiage normal de l’économie française ». De plus, l’analyse sectorielle et régionale des défaillances ne révèle aucune avancée inquiétante, à l’exception de la sous-traitance automobile et du secteur immobilier qui commencent à montrer des signes de difficultés.

« L’économie n’est pas très dynamique, mais nous sommes toujours à un étiage bas en termes de défaillances. Où en serons-nous l’année prochaine ? Nous n’avons pas de boule de cristal, mais il n’y a pas de raison de penser que les choses vont s’améliorer considérablement ou se dégrader de façon spectaculaire », précise Frédéric Abitbol.

Ce dernier soulève un autre levier rassurant : la qualité de l’accompagnement des entreprises en difficulté en France. Chaque année, les administrateurs et mandataires judiciaires traitent environ 7 000 dossiers d’entreprises dans le cadre de procédures de prévention, avec un taux de réussite de 80 %. Contrairement à d’autres pays, où le paiement des crédits est la priorité, en France, l’objectif premier est de sauver les entreprises et les emplois. Frédéric Abitbol estime que la France dispose de la boîte à outils la plus performante au monde pour y parvenir.

Concernant le remboursement des prêts garantis par l’État (PGE), Frédéric Abitbol se veut une nouvelle fois rassurant. « Le taux de défaillance de remboursement des PGE le plus récent est de 4%. Ce n’est pas massif. Cela veut dire, qu’à ce stade, 96% des remboursements de PGE sont payés. Nous ne sommes qu’au début de la phase de remboursement et il y aura évidemment plus de 4% de défaillances. Mais ce n’est pas un tsunami », affirme-t-il.

L’administrateur judiciaire chez Abitbol & Rousselet souligne également que « seuls » 700 000 PGE de quelques dizaines de milliers d’euros ont été accordés aux TPE/PME. Par ailleurs, la majorité de ces petites entreprises, qui ont du mal à obtenir un prêt bancaire, ont très bien utilisé les liquidités. Bien entendu, les AJMJ avaient conscience qu’il y aurait de la fraude, des PGE mal employés et des défaillances lors du remboursement. Néanmoins, Fréderic Abitbol informe « qu’il n’y avait pas de meilleure façon de faire à l’époque et il fallait le faire ».  

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