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La pornographie sur le web : un danger pour l’enfance

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La pornographie sur le web : un danger pour l’enfance

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La pornographie fait partie de ces nombreux sujets qui font débat dans notre société occidentale. Certains trouvent à cette représentation du sexe des aspects positifs (augmenter le désir, développer l’imaginaire sexuel, etc.) alors que d’autres la considèrent comme répugnante. L’Église catholique, traditionnelle opposante à la pornographie, estime qu’elle pervertirait les bonnes mœurs. Certaines féministes voudraient quant à elles l’interdire en raison des violences faites aux femmes, ou de l’image dégradante qu’elle renvoie de ces dernières. Si chacun possède son avis sur la question, un point semble faire consensus : la nécessité de protéger davantage les enfants contre des images pornographiques devenues omniprésentes, accessibles en un clic.

streaming pornographiques

Pour éviter tout scandale, certains ne reculent devant rien. Preuve en est le changement, en Italie, du titre du dernier film d’animation Disney « Vaiana » en « Oceania ». La raison ? L’héroïne de ce dessin animé pour enfants portait le même nom qu’une célèbre actrice porno italienne décédée en 1994. Une homonymie particulièrement mal venue qui aurait pu causer quelques remue-ménages accompagnés des conséquences financières qu’on imagine.

La pornographie et l’enfance ne font pas bon ménage. Donald Trump l’a bien compris. Le futur président des États-Unis avait effectivement promis durant sa campagne de l’interdire… Programme intéressant pour quelqu’un qui a déjà flirté avec ce monde, entre interview pour le journal Playboy et apparition (en simple figurant) dans un porn-soft. Divergences d’opinions entre Trump le président et Trump le businessman ? Ce dernier avait en effet bien compris l’intérêt économique de la pornographie, qui génère annuellement 10 milliards de dollars rien qu’aux États-Unis.

Si cette industrie perdure, malgré les discours de façade bien-pensants, c’est qu’il y a des raisons, financières pour la plupart. Internet et ses plus de 3,2 milliards d’utilisateurs représentent un très bon filon à exploiter pour l’industrie de la pornographie. Le rapport publié en 2015 par l’association Ennocence, intitulé Réseaux sociaux, streaming, live streaming et téléchargement illégal : nouvelles portes d’entrée des enfants vers le monde de la pornographie, premier pas vers une sensibilisation de notre société sur ces sujets, rappelle d’ailleurs qu’internet rapporte à lui seul, 5 milliards de dollars par an à l’industrie de la pornographie.

Live streaming illégal, téléchargements pirates… Le porno envahit le web

 

La pornographie a envahi internet. Aujourd’hui on compte 12 % de sites à caractère pornographique sur la toile. Un enfant a désormais en moyenne 11 ans lorsqu’il est exposé pour la première fois à du contenu pornographique en ligne. Par ailleurs, un nouveau sondage OpinionWay, commandé par l’association Ennocence, indique que « 23 % des parents estiment que leurs enfants ont déjà été exposés à des images à caractère pornographique ». Il s’agit principalement d’accidents. Et c’est bien là le problème.

La diffusion de contenu pornographique n’est pas suffisamment maitrisée et les sources d’exposition sont diverses : vidéos pirates (streaming illégal, live streaming illégal), correspondances (spams, messageries) et moteurs de recherche (réseaux sociaux, recherches erronées). Le résultat est terrible et sans appel : 10 % des personnes visualisant des sites pornographiques auraient moins de 10 ans, selon une étude menée par l’éditeur de logiciels antivirus Bitdefender.

Ce sont les sites illégaux, considérés comme tout public, qui fournissent le plus grand nombre d’images à caractère pornographique, notamment via l’ouverture intempestive de fenêtres pop-up. À elles seules, ces fenêtres représentent 72 % des sources d’exposition accidentelle contre 18 % pour les moteurs de recherche. Une tendance particulièrement marquée sur les sites de live streaming illégal sportifs.

La surenchère des revenus publicitaires entraine depuis de nombreuses années une mortifère pornification de la communication. Le constat est d’autant plus alarmiste que l’Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (ALPA) souligne qu’un tiers des internautes consultaient en 2013 au moins une fois par mois un site de piratage de séries ou de films. On comprend l’ampleur de l’exposition à laquelle sont soumis les enfants et adolescents. Malgré les risques, parfois tragiques, auxquels sont exposés les plus jeunes, l’industrie pornographique ne semble pas vouloir renoncer aux 147 millions de dollars annuels que lui rapportent ces mineurs qui tombent accidentellement sur ces images pornographiques.

L’enfant en gardera des séquelles…

 

Pour un enfant ou un adolescent, les conséquences de la pornographie peuvent être dramatiques. La pornographie chez un jeune enfant peut le conduire à confondre ces images avec l’acte charnel dont il est le fruit. Il s’expose alors à s’imaginer issu d’une relation violente et sans amour. Les adolescents sont quant à eux en pleine construction de leur sexualité et le visionnage d’images pornographiques peut être considéré comme un « viol de l’imaginaire », selon certains philosophes.

Ils risquent ensuite de considérer la pornographie comme le modèle de sexualité à suivre. Une sexualité basée sur la performance et l’instrumentalisation des femmes. De quoi générer de sacrés complexes.

La question de la dénaturation des relations hommes-femmes se pose aussi. Celle-ci pouvant provoquer des problèmes relationnels à l’âge adulte. Pire, les contenus pornographiques peuvent pervertir la sexualité de l’adolescent (incitation au viol, visionnage d’images de zoophilie, inceste). Après avoir visionné de telles images, de lourdes conséquences peuvent émerger quasi immédiatement : violence à l’école, troubles du sommeil, dépression…

À l’heure où la Grande-Bretagne entend censurer la pornographie « anormale » sur internet, il est temps de mettre en place des moyens efficaces pour gérer la pornographie « normale » qui fait déjà des ravages chez les plus jeunes.

Lucie Mallet

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