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Armement français : le Qatar compense les mésaventures saoudiennes

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Armement français : le Qatar compense les mésaventures saoudiennes

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La bonne santé de l’industrie française de l’armement se confirme. Si le nombre de contrats signés avec l’Arabie saoudite décline depuis plusieurs mois, l’émergence de nouveaux « gros » clients, notamment le Qatar, devrait permettre à la France de conserver la seconde place du classement international.

Le marché de l’armement ne cesse d’évoluer en France et dans le monde. D’après les chiffres du rapport annuel du Parlement, publié par le ministère des Armées, les exportations françaises se sont élevées à 16,9 milliards d’euros en 2016, ce qui représente un niveau « historiquement haut », comme le signale le magazine économique Challenges.

En effet, « de 2007 à 2012, les prises de commandes annuelles d’armement français à l’export s’établissaient plutôt entre 4 et 8 milliards d’euros », souligne l’hebdomadaire. Souvent classée quatrième, cinquième ou sixième, la France est devenue en 2015 le numéro deux sur le marché de l’armement dans le monde après les États-Unis. Grâce aux trois commandes export du chasseur Rafale (Égypte, Qatar, Inde) sous le quinquennat Hollande, elle a réussi à battre la Russie et le Royaume-Uni.

Des évolutions importantes sont également constatées côté acheteurs. Publiée en juillet, une enquête de Challenges montre que « l’Arabie saoudite, longtemps client, perd clairement du terrain ». Le royaume wahhabite est désormais largement devancé par l’Inde, qui représente plus de la moitié des commandes en 2016. Viennent ensuite le Qatar, l’Égypte, le Brésil, les Émirats arabes unis, les États-Unis, Singapour, le Royaume-Uni et le Maroc.

 

Retrait saoudien

Comment expliquer ce recul ? Lors de la visite de Donald Trump à Riyad, les 20 et 21 mai, les États-Unis et l’Arabie saoudite ont annoncé des transactions immédiates ou à venir d’un montant de 380 milliards de dollars (337,67 milliards d’euros), dont 110 milliards de contrats militaires. « L’accord d’armement le plus important de l’histoire des États-Unis », comme l’avait présenté le porte-parole de la Maison-Blanche, n’a pas été sans conséquence pour Paris. « Les Américains continuent d’appuyer sur l’accélérateur », affirme un familier des affaires franco-saoudiennes cité par Challenges.

La complexe actualité politique saoudienne pourrait par ailleurs aggraver la situation. Le 4 novembre dernier, le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, a ordonné l’arrestation de dizaines de princes, de ministres et d’hommes d’affaires lors d’une « opération anticorruption ». Or, « certaines de ces personnalités saoudiennes, dont la plupart sont en résidence surveillée au Ritz Carlton de Riyad, sont des relais importants pour les industriels tricolores », révèle Challenges. L’hebdomadaire s’intéresse en particulier à l’un des fils du roi Abdallah, Mitaeb Bin Abdallah, dont un négociateur parisien affirme qu’il était à l’origine de la plupart des commandes saoudiennes auprès des industriels de l’hexagone.

 

Le Qatar, nouveau « gros » client de l’Hexagone

Paris n’a cependant pas de soucis à se faire pour l’instant. Le retrait de l’Arabie saoudite devrait être largement compensé par les exportations vers l’Inde, client désormais traditionnel, et le Qatar, nouveau « gros » client de la France. Delhi représente 15 % des prises de commandes françaises des dix dernières années et Doha, qui a signé en mai 2015 une commande de 24 avions de combat Rafale, vient de demander à Paris une prolongation de l’option portant sur la vente de douze nouveaux avions. L’émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, pourrait profiter de la visite d’Emmanuel Macron, le 7 décembre prochain, pour annoncer la nouvelle commande.

Outre l’Inde et le Qatar, la Malaisie et la Belgique ont exprimé leur intérêt pour le Rafale. Une excellente nouvelle pour l’économie française en général. Selon le rapport du ministère des Armées, « le haut niveau d’exportations des années récentes laisse présager la création de 30 000 à 40 000 emplois sur 10 ans, soit un doublement du nombre de salariés dédie aux opérations d’exportations ».

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