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Le data mining, nouvelle arme anti-Airbnb

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Le data mining, nouvelle arme anti-Airbnb

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Récemment nommé administrateur général des données de la Mairie de Paris, Jean-Philippe Clément lance un gros chantier de data science pour dénicher les fraudeurs qui mettent illégalement en location leur appartements sur la plateforme Airbnb. Ce nouvel arsenal viendra en back-up des contrôles sur place déjà opérés par la Mairie. Un coup dur de plus porté à la plateforme.

A picture shows a plaque at the entrance of the offices of online lodging service Airbnb in Paris on April 21, 2015. AFP PHOTO / MARTIN BUREAU

Data science et politique publique

Big data, open data, data mining, data science… Ce jargon autrefois réservé au geek fait dorénavant partie du vocabulaire des pouvoirs publics. La Mairie de Paris vient de nommer un nouvel  administrateur général des données, Jean-Philippe Clément, pour qui l’exploitation de données est une manne pour optimiser les politiques de la ville. Un des gros chantiers sera selon lui de mener la guerre aux locataires peu scrupuleux, désormais très nombreux en France, qui mettent illégalement en location leur logement sur des plateformes collaboratives comme Airbnb. « Les effets négatifs de ce type de location sont désormais connus : centre-ville vidé de ses habitants, hausse du prix des loyers, gentrification, etc. », précise-t-il. La Mairie de Paris tente depuis quelques temps déjà de freiner ce phénomène. Pourtant, la capitale reste le premier marché mondial du mastodonte californien avec plus de 100 000 offres. Des quartiers entiers, principalement ceux de l’hyper-centre, sont saturés par les offres temporaires de ce type, émanant souvent de multipropriétaires qui mettent simultanément à disposition plusieurs logements vacants qu’ils possèdent.

Recouper les données offre ainsi de nouvelles perspectives. « Pour que les contrôles soient plus efficaces, nous cherchons à mettre en place un service big data qui soit capable d’identifier précisément quels logements sont les plus susceptibles d’être touchés, et donc à contrôler en priorité. Cela serait possible grâce au recoupement d’informations glanées sur les annonces en ligne mais aussi lors des contrôlés réalisés par le passé, avec des données sur les types d’appartement les plus concernés, quels quartiers sont les plus sensibles, sur le profil des propriétaires qui pratiquent ce type de location. » Un travail fastidieux mais qui devrait faciliter les recherches effectuées de la Mairie, pour l’instant uniquement fondées sur une recherche internet sur les sites concernés et à des contrôles sur place.

Haussement de ton contre Airbnb

Cette nouvelle arme dont dispose la Mairie de Paris pourrait s’avérer particulièrement utile au regard du durcissement des conditions de location. Un amendement vient d’être ajouté – contre l’avis de la ministre – pour soumettre la location d’un logement à l’approbation préalable, par écrit, du propriétaire. Les propriétaires qui souhaiteraient louer leur propre logement devraient quant à eux prouver qu’ils sont bien propriétaires du bien en question. Présenté dans le cadre de l’examen du projet de loi pour une « République numérique » porté par Axelle Lemaire, l’amendement n’est par encore adopté et pourrait encore subir des modifications. Mais il prévoit pour l’heure une amende salée en cas de non respect. D’un maximum de 25 000 euros pour le locataire, elle passe à 80 000 euros pour la plateforme de location, qui est tenue de recueillir mais aussi de vérifier ces documents.

En parallèle, le rapport remis par le député socialiste Pascal Terrasse, début février, au Premier ministre, préconise de créer un système d’imposition des particuliers qui tirent des revenus de ce genre d’activités. Jusqu’à présent, la location occasionnelle de son logement échappait à l’impôt sur le revenu. Un manque à gagner gigantesque pour le gouvernement. Le rapport propose de confier aux plateformes le soin de transmettre aux administrations fiscales et sociales le montant des revenus perçus par les individus qui ont recours à ses services. Le rapport Terrasse s’attaque également aux gains de la plateforme elle-même. Grâce à différents montages fiscaux, Airbnb arrive encore à ne payer qu’une poignée d’euros au fisc français, et ce malgré les 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires qu’elle aurait réalisés sur le sol français en 2015.

Paris rejoint le mouvement de ras-le-bol général contre Airbnb comme d’autres grandes villes d’Europe avant elle, à l’instar de Berlin, Barcelone ou Madrid. La situation a dégénéré outre-Atlantique, où une action en justice contre la société est actuellement en cours à New York. Féroce, le procureur de l’État est allé jusqu’à contraindre Airbnb à dévoiler ses données. Celles-ci – après avoir été « purgées » par Airbnb qui a pris soin d’éliminer les offres manifestement illégales – ont tout de même révélé que 24 % de l’activité du site émanait de seulement 2 % des propriétaires, qui louent simultanément au moins trois logements. Espérons que la nouvelle stratégie de la Mairie empêchera que Paris ne s’engage sur cette voie.

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1 Commentaire

  1. dan 05/04/2016

    Enfin une politique municipale utile contre les dérives de location – soi disant collaborative mais purement spéculative – de son propre appartement soit d’achat pour louer de façon saisonniere. On dirait que la seule chose qui intéresse les generations intermédiaires c’est de ne pas payer d’impôt et de faire mine d’être moderne et généreux.
    Bravo. Barcelone a dejà défini sa propre politique. Une décision hautement politique.
    d